Sabin Berthelot et la géographie botanique dans l’Histoire naturelle des Îles Canaries (1836-1850)

Dès le premier abord, le volume sur la Géographie botanique attire l’attention du lecteur. Rédigé en français, avec l’élégance et la vivacité que Filippo Parlatore en 1856 relevait dans toutes les contributions de Berthelot, ce volume de 180 pages contraste avec l’austérité des six volumes de la même Histoire naturelle des îles Canaries qui forment la Phytographia canariensis (1836- 1841)^[6]. Cette phytographie –ou description de plantes– qui traite d’un millier d’espèces récoltées aux Canaries, est presque entièrement en latin, puisque sont écrits dans cette langue non seulement les noms et les diagnoses, comme il est de rigueur, mais aussi les descriptions et les observations complémentaires. Seule l’introduction et les observations, rédigées par Camille Montagne (1784-1866) pour le dernier volume, celui consacré aux cryptogames, sont en français. Cet usage du latin, qui évite le choix d’une langue nationale, a de quoi se justifier. Par ailleurs, les descriptions d’espèces nouvelles sont accompagnées de belles planches réalisées d’après les spécimens par le dessinateur genevois Heyland et le graveur parisien Vielle et on sait combien, dans les sciences naturelles, des illustrations de qualité facilitent la lecture des textes descriptifs. Comme l’annonce le «Prospectus», dans lequel est exposé le plan général de l’Histoire naturelle des Canaries, red Phytographia canariensis prend modèle sur les Nova genera et species plantarum… d’Alexandre de Humboldt et Aimé Bonpland et sur la Flora brasiliae meridionalis d’Auguste Saint Hilaire.